13 h 15, un mercredi

Elizabeth se réveilla en retard. En panique, elle avait dû se dépêcher, en faisant bien attention de ne pas réveiller ses colocataires, afin de ne pas manquer son cours du matin. Elle se vêtit de son habituelle paire de jeans noires, d’un classique chandail blanc, de son petit veston gris et de ses bottillons noirs pour ensuite attacher rapidement ses magnifiques cheveux blonds en queue de cheval, enfiler son manteau et se mettre en route. Sans même prendre le temps de boire un café ou de manger un petit quelque chose, elle arriva juste à temps à l’université! La durée de son cours lui parut une éternité. Elle était tellement affamée qu’elle éprouvait de la difficultée à se concentrer. En sortant de la salle de cours, elle se dirigea tout droit vers la cantine. Il était maintenant l’heure du dîner et elle était bien décidée à calmer son estomac déchaîné. Elle alla donc s’acheter un croissant ainsi qu’un yogourt avec des petits fruits. Une fois son repas payé, elle jeta un coup d’œil à sa montre. 13 h 15. Elle allait être en retard au café pour son quart de travail. Elle rassembla donc en toute vitesse ses affaires et se dirigea vers la sortie. En tournant le coin du mur, elle fonça tout droit dans quelqu’un.

Alice, assise seule à une table, tente de contenir sa fureur. Elle avait dû passer chez sa cousine le matin même, pour ramasser quelques affaires. Elle croyait avoir une grande marge de manoeuvre, mais la conversation s’est éternisée et elle a fini par être en retard. Un arrêt rapide au Starbucks et hop! Elle n’avait que deux minutes de retard, mais son professeur de diversité culturelle borné a refusé qu’elle lui rende son travail avec deux minutes de retard! Elle va maintenant perdre une poignée de points qu’elle aurait pu facilement garder, et cela la met hors d’elle. Pour faire passer sa colère, elle sort rapidement sa tablette et ses crayons avant de perdre son inspiration. Elle dessine d’abord des silhouettes, puis des visages et ensuite elle ajoute de la couleur. Il faut dire qu’après coup, elle se sent beaucoup mieux et est assez fière de son travail. Il y a des avantages à dessiner lorsqu’on est énervée. Elle jette un coup d’oeil à sa montre. 1h15. Son estomac gargouille, car en passant au Starbucks ce matin, elle n’a commandé qu’un café, sans la viennoiserie qui l’accompagne d’habitude. Elle décide donc d’aller à la cantine pour son dîner. Rassemblant ses affaires rapidement, elle s’y rend en faisant défiler son fil d’actualité instagram, sans vraiment regarder devant elle. Presque arrivée, elle heurta quelqu’un de plein fouet.

Le choc assomma durant une fraction de seconde, puis elle se releva, en fureur, sans s’occuper de ses livres étendus sur le sol et de son genou qui lui faisait un peu mal. « C’est quoi ton problème? Regarde où tu vas! » s’écria Alice. Déjà que sa journée avait mal commencé, pas besoin d’en rajouter. Elle allait perdre du temps et apercevait clairement la file d’attente à la caisse de la cafétéria qui s’allongeait à vue d’oeil. Le simple fait de percuter cette personne fit revenir toute sa colère à la vitesse grand V. Elle ramassa ses affaires d’un mouvement rageur et se releva pour faire face à l’autre fille, qui réunissait toujours ses cahiers. Vêtue d’un chandail blanc simple, ses cheveux blonds encadraient son visage enfantin. Sans vraiment de bonne raison, Alice fut immédiatement jalouse de l’apparence et du style qu’arborait la jeune femme. Par-contre, celle-ci avait l’air très aimable, Alice décida donc d’ignorer sa colère et de sympathiser. « Désolée, je n’aurais pas dû m’emporter. Je m’appelle Alice » dit-elle en lui tendant la main. Elle réalisa ensuite que la blonde en face d’elle n’avait pas prononcé un seul mot depuis tout à l’heure. « Et toi? C’est quoi ton nom? » dit-elle pour amorcer au moins un semblant de conversation.

Morte de honte et prise d’un très grand malaise, Elizabeth réalisa qu’elle avait fait tomber la personne qu’elle avait accidentellement percutée. C’était une jeune femme de taille moyenne aux magnifiques cheveux ondulés blonds-roux et qui semblait environ du même âge qu’elle. La pauvre! Le choc l’avait assommé et elle, tout comme ses livres, s’étaient retrouvés sur le sol. Elle semblait définitivement en colère contre Elizabeth qui, elle, se sentait terriblement mal. « C’est quoi ton problème? Regarde où tu vas! » s’était écriée l’autre étudiante. Figée, Elizabeth ne pouvait plus prononcer un mot ni même bouger. Elle devait pourtant se dépêcher pour se rendre à son travail, au café, où elle était déjà en retard. Elle s'apprêtait à fuir lorsque la jeune femme se releva et lui adressa la parole pour s’excuser. « Désolée, je n’aurais pas dû m’emporter. Je m’appelle Alice. » lui dit-elle en tendant la main. Elizabeth figea à nouveau, encore extrêmement gênée. Elle détestait être prise dans ce genre de situation qui la rendait mal à l’aise. « Et toi? C’est quoi ton nom? » rajouta la dénommée Alice, attendant une réponse de la part d’Elizabeth. « Elizabeth. Je m’appelle Elizabeth. Je suis vraiment désolée de t’avoir bousculée. Je dois partir, je suis en retard, pardonne-moi.» répondit celle-ci rapidement en se dirigeant vers la sortie.